C’est par le mouvement que nous apprenons
C'est par le mouvement que nous apprenons par Paul Dennison…
Nous remercions Lydia Müller et son association Entrelacs pour nous avoir fait part d’une expérience d’un de ces adhérents.
Nous vous laissons lire et vous approprier les questions qui vous parlent.
Bonne lecture !
“Ici Jean-Philippe,
Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de mon père, il aurait eu 68 ans.
On n’a jamais été super proches, j’avais l’impression qu’il ne me connaissait pas et, moi en retour, que je ne le connaissais pas non plus.
Et puis partir 4 ans en Nouvelle-Zélande, forcément, ça n’a pas aidé !
Quand il m’a annoncé la récidive de son cancer en 2015, j’ai eu un pressentiment assez fort et la vie m’invitait de différentes manières à rentrer de toute façon en France.
Et à ce moment-là, je suis tombé sur un article qui invitait à faire l’interview de ses parents. Alors je me suis dit, ni une, ni deux, je vais préparer des questions pour mon père !
Quand il a reçu les 40 questions, il m’a fait une remarque comme à son habitude: « Oh là là … toutes ces questions ! ».
L’idée, c’était qu’il les lise et qu’on en discute de vive voix quand j’arriverai quelques semaines plus tard.
On décolle le 24 décembre pour 30 heures de trajet (!) et le 26 à mon arrivée, je suis dans le train pour voir mon père.
Et on a discuté, des heures et des heures …
On a repris les questions, une par une et puis d’autres me venaient, au fur et à mesure …
Je rebondissais sur ses anecdotes, il me partageait des souvenirs, ses doutes, ses peurs, ses envies, …
J’ai plus appris de la vie de mon père en 2 jours qu’en 35 ans!
Et cela lui a plu, il était content de pouvoir partager sa vie, avec ses réussites, ses difficultés, ses expériences, …
Et à un moment, il fallait que je lui pose une question ou du moins que je lui partage un ressenti.
Car après le décès de ma mère, sa femme, rien n’était jamais assez comme résultats, notamment scolaires, il nous poussait à plus, nous poussait plus haut, nous poussait plus loin, ma sœur et moi, mais sans encouragement ou félicitations au fur et à mesure.
Et parfois, souvent même, on ne le vivait pas bien.
J’ai l’impression que ça n’était jamais assez.
Et c’est quelque chose qui m’a suivi très longtemps ensuite.
Alors je lui ai dit, je lui ai partagé ce ressenti.
Et l’échange qui a suivi a été un soulagement car j’ai compris la raison de ce comportement.
Il avait peur, peur pour nous !
Il voulait qu’on soit autonome, qu’on soit assez grand et fort pour avancer dans la vie.
Ma mère qui nous a quittés à 46 ans, il avait peur de partir tôt et que nous n’arrivions pas à nous en sortir tout seul.
Alors il a essayé de nous pousser le plus loin possible pendant toutes ces années … pour qu’on sache se débrouiller.
Quelque chose a guéri en moi sur le coup.
Quelque chose s’est dissoute. Une forme de ressentiment envers lui a disparu. Et j’ai trouvé encore plus de sérénité.
Trois semaines plus tard, il était en soins intensifs et il nous a quittés le mois suivant.
Mais j’étais soulagé d’avoir appris à le connaître en tant que personne, pas seulement en tant que père mais en tant qu’homme qui a eu son expérience de vie avec ses moments de joie et ses moments de peine.
J’ai renouvelé l’expérience avec ma grand-mère (dernier grand-parent !) quelques mois plus tard, et ça a été des moments très intenses et très riches pour tous les deux.
Je ne peux que vous recommander de faire la même chose avec des personnes qui vous sont proches, c’est un vrai moment de partage de cœur à cœur et, pourquoi pas, de guérison …
Pour vous y aider, voici un questionnaire type que vous pouvez adapter à votre contexte, sentez-vous libre d’y ajouter toutes les questions qui vous viennent.
Et surtout pensez à enregistrer la conversation (installez une application de dictaphone sur votre téléphone si besoin), vous verrez que vous découvrirez de nouvelles réponses en ré-écoutant la conversation plus tard.
Vous pourrez également la partager avec d’autres personnes si besoin.
A vous de jouer !
Sentez-vous libre de transmettre ce message à des amis que ça pourrait aider !
Prenez soin de vous,
Jean-Philippe “
C'est par le mouvement que nous apprenons par Paul Dennison…